Hasnaa Bennani, soprano – récitante
Mehdi Lougraïda, direction
Orchestre Royal de Chambre de Wallonie
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Programme :
- Graciane Finzi, Kaddish pour soprano solo, violoncelle solo et orchestre à cordes
- Graciane Finzi, Scénographie d’Edward Hopper, pour récitant et orchestre à cordes
- Maurice Ohana, Crypt, pour orchestre à cordes
- Lammâ badâ yatathannâ (Chant traditionnel arabo-andalou), pour soprano et orchestre à cordes
Graciane Finzi
Maroc (Casablanca) 1945
© Jean-Baptiste Millot
Graciane Finzi est née dans une famille de musiciens. Après des études au Conservatoire de Casablanca, sa ville natale, Graciane Finzi entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où elle obtient de nombreux prix dont ceux d’harmonie, contrepoint, fugue et composition.
En 1979, elle est nommée professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris.
En 1982, elle obtient le Grand Prix de la Promotion Symphonique de la SACEM
En 1989, le Prix Georges Enesco lui est octroyé.
En 1992, son opéra “Pauvre Assassin” est couronné du Prix de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques).
En 2001, elle se voit décerner le Grand Prix de la SACEM pour l’ensemble de son œuvre
En 2006, l’Institut de France lui attribue le Prix Chartier.
En 2013, elle reçoit le Prix musique de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques).
En 2020, le Prix Florent Schmitt lui est attribué par l’Institut de France et elle est nommée Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres
Le répertoire de Graciane Finzi se compose d’ environ 180 oeuvres dont 6 Opéras.
Citons :
- La tombée du jour”, pour voix et orchestre créé par José Van Dam,
- « Pauvre assassin », créé à l’Opera du Rhin sur un livret de Pavel Kohout,
- « Le dernier jour de Socrate », créé à l’Opéra comique sur un livret de Jean- Claude Carrière ,
- « Là-bas peut être », opéra pour adolescents et tout public sur un livret de Emmanuelle Marie,
- « Concerto pour piano et orchestre », soliste Jean-Claude Pennetier,
- « Errance dans la nuit » pour violoncelle et orchestre, soliste Gary Hoffman,
- « Univers de lumière », texte de Jean Audouze, enregistré à Radio France pour le Prix Italia par les musiciens de l’orchestre Philharmonique de Radio France avec Michel Piccoli comme récitant
- « Brume de sable » qui a a été interprété par Adrien Perruchon et l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung
- « Scénographies d’Edward Hopper », par le Paris Mozart orchestra sous la direction de Claire Gibault, récitante, Natalie Dessay, soprano – Disque Sony music 2016
- « Fantaisie concerto pour alto et orchestre », avec Nils Mönkemeyer et l’Orchestre National de Lille sous la direction de Jean-Claude Casadesus
Les plus grands interprètes et orchestres, aussi bien en France qu’à l’étranger, ont créé ses oeuvres (Paris, New York, Londres, Rome, Moscou, Helsinki, Vancouver, Nuremberg, Buenos Aires, Brême, Rio de Janeiro, Malte, Barcelone, Saint Jacques de Compostelle, Berlin, Madrid, Venise, Bologne, Santiago du Chili, Hambourg, Varsovie, Stuttgart, Irkutsk, Cologne…).
Dans un langage moderne qui utilise des progressions harmoniques et chromatiques hors de la tonalité, Graziane Finzi établit des pôles d’attraction entre les notes qui guident à la compréhension d’une musique jamais abstraite et visant à l’expression immédiate de la vie.
Kaddish pour soprano solo, violoncelle solo et orchestre à cordes (2018)
Il n’est rien de plus profond et émouvant pour un compositeur que d’écrire une musique sur un texte sacré, se permettre d’écrire des sons sur des mots qui ont un sens infini, de savoir rester dans une atmosphère de recueillement intrinsèquement lié à la liturgie en utilisant la voix et des instruments qui seront au service de ce texte mais dans un contexte profane, une salle de concert ou tout autre lieu non sacré.
Graciane Finzi
Scénographie d’Edward Hopper, pour récitant et orchestre à cordes (2014)
D’après le roman « Soleil dans une pièce vide » de Claude Esteban (1935-2006) et des tableaux d’Edward Hopper (1882-1967)
- Chambre à New York
- Jeune Fille à la machine à coudre (écouter sur spotify)
- Lame de fond (écouter sur spotify)
- Compartiment C, voiture 293 (écouter sur spotify)
- Oiseaux de Nuit (écouter sur spotify)
- Matin en Caroline du Sud (écouter sur spotify)
- Maison au bord de la voie ferrée (écouter sur spotify)
- Gens au soleil (écouter sur spotify)
Les tableaux d’Edward Hopper sont une remarquable source d’inspiration pour un compositeur. Depuis de longues années j’aime cette peinture, j’aime ses non-dits, l’incommunicabilité des personnages, les éclairages particuliers parfois décalés d’avec la réalité d’une lumière venant d’une fenêtre. L’aventure a commencé lorsque je suis tombée par hasard sur le livre de Claude Esteban, « Soleil dans une pièce vide. » Il a choisi de raconter 47 tableaux. J’en ai choisi 8 en fonction de l’émotion que je pouvais ressentir à la lecture de ces courtes histoires que racontent Claude Esteban en pénétrant dans la vie de ces personnages et paysages toujours énigmatiques. Edward Hopper peint la solitude des êtres. Un bar dans la nuit, une jeune femme seule dans un train, une maison au bord de la voie ferrée digne d’un film d’Hitchcock etc… Il est considéré comme le peintre de la vie américaine. Il m’a semblé important de ne pas « illustrer » ces moments de vie mais simplement de m’en inspirer.
Les Tableaux d’Edward Hopper
- Room in New York / Chambre à New York, 1932
- Girl at sewing machine / Jeune fille à la machine à coudre, 1921
- Ground swell / Lame de fond, 1939
- Compartment C, Car 293 / Compartiment C, voiture 293, 1938
- Nightwaks / Oiseaux de nuit, 1942
- South Carolina morning / Matin en Caroline du Sud, 1955
- House by the railroad / Maison au bord de la voie ferrée, 1925
- People in the sun / Gens au soleil, 1960
© Dominique Souse
Maurice Ohana
Maroc (Casablanca) 1913 – France (Paris) 1992
Maurice Ohana est né en 1913 à Casablanca et mort en 1992 à Paris. Il fait la majorité de ses études classiques et musicales en France. Après des débuts comme pianiste au pays basque où il reste jusqu’à la guerre, il a l’occasion d’aller à Rome pour travailler avec Alfredo Casella. Il vient alors à Paris travailler le piano avec Lazare Lévy et la composition avec Daniel-Lesur. En 1946 il fonde avec trois amis le groupe « Zodiaque » afin de défendre une certaine liberté d’expression. Son langage musical, totalement éloigné du post-sérialisme d’alors s’inspire de la liberté du Cante Jondo et l’amène à écrire le Llanto por Ignacio Sànchez Mejias. Son langage ultérieur est marqué par un refus de tout intellectualisme, une fidélité à la tradition espagnole et aux rythmes africains. Il privilégie également l’utilisation des micro-intervalles (tiers de tons) afin d’élargir sa palette sonore. Maurice Ohana a écrit pour toutes les formations et l’on peut citer: Le livre des Prodiges pour orchestre (1978), l’opéra la Célestine (1982-87) ou encore sa Messe pour choeur et ensemble (1977) ainsi que plusieurs concertos pour guitare, pour violoncelle et pour piano. Dans le domaine de la musique instrumentale, on notera ses Vingt-quatre Préludes pour piano (1972-1973) et plusieurs pièces de clavecin. Il est également l’auteur de quatuors à cordes et d’oeuvres originales comme Sacral d’Ilx (1975) pour hautbois, cor et clavecin ou Kypris (1983-1985) pour hautbois, piano, alto et contrebasse.
Bruno Siberchicot
Crypt, pour orchestre à cordes (1980)
Crypt a été créé au Théâtre Charles Dullin de Chambéry par l’Orchestre de Chambéry le 24 Octobre 1980, sous la direction de Claire Gibault qui en est la dédicataire.
Il s’agit en fait d’une adaptation pour ensemble de cordes de son deuxième Quatuor à cordes, intitulée « Faran-Ngô » (4e mouvement), composée de « Farrucca » et de « Fandango » et qui évoque une fête nocturne aux guitares lointaines.
Christine Prost dit de cette oeuvre : « Cette pièce emportée, heurtée, violente… se termine, comme souvent chez Ohana, par une figure arrachée, que l’on peut comprendre comme le symbole brutal et définitif, de la mort. »
Fonds CDMC-MMC (Centre de documentation de la musique contemporaine – Maison de la Musique Contemporaine).
Les Amis de Maurice Ohana − mauricohana.com
Lammâ badâ yatathannâ
Lammâ badâ yatathannâ est une magnifique mélodie qui a traversé les âges, sans doute la plus connue et la plus représentative du style « Muwashshah ». Le « Muwashshah » – littéralement broder, ce qui relie dans un collier une perle à une autre-, est un mot arabe qui désigne un poème à structure libre, en arabe ou en hébreu. Son origine date de la fin du VIIIe siècle (ou XIe siècle selon les sources) en Andalousie musulmane, à Al-Andalus, à l’époque de l’occupation de l’Espagne par les Maures (711-1492).
Très ancienne, la chanson est ainsi écrite dans un arabe difficile à traduire de nos jours.
Lamma bada yatathanna
Lamma bada Yatathanna
Quand il apparut avec sa démarche si fière
Aman’ Aman’ Aman’ Aman
Hubbi jamalu fatanna
Mon amour m’a a séduit par sa beauté
Aman’ Aman’ Aman’ Aman
Awmâ bi LaHzihi asarna
Awmâ bi LaHzihi asarna
Ah comme son regard m’a asservi!
Aman’ Aman’ Aman’ Aman
Ghusnun sabâ Hina mal
C’est un rameau qui captive quand il se penche
Aman’ Aman’ Aman’ Aman
Waadi wa ya Hirati
Waadi wa ya Hirati
Ah dans quel trouble il m’a mis!
Mâ li rahîma shakwati
Nul ne peut compatir à ma plainte
Fil hubbi min law’ati
Illa maliku l-jamal
Aman’ Aman’ Aman’ Aman
Fil hubbi min law’ati
à cause de la douleur que me cause cet amour
Illa maliku l-jamal
Que la reine de la Beauté!