La musique de chambre désigne une composition pour un petit ensemble d’instruments solistes, caractérisée par son intimité et son raffinement. Elle est considérée par beaucoup comme une des formes les plus élevées de l’art musical, plusieurs compositeurs ayant signé leurs chefs-d’œuvre dans ce genre.
Des musiciens de l’ORCW se regroupent en ensembles variés pour explorer ce répertoire. Ces formations, allant du duo à l’octuor, permettent de couvrir une large palette du répertoire. Cette diversité offre une richesse inépuisable en termes de créations et d’interprétations.
Vous trouverez ci-dessous quelques propositions de programme.
Duo
Sonates
- Ludwig van Beethoven, Sonate pour violon et piano n° 4 en fa mineur, op. 23 – 24′
- Franz Schubert, Sonatine n° 2 en la mineur D. 385, op. 137 – 19′
- Claude Debussy, Sonate pour violon et piano – 15′
Vahan Mardirossian, piano
Jean-Frédéric Molard, violon
Le Directeur musical et pianiste Vahan Mardirossian et le violon solo de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie Jean-Frédéric Molard unissent la richesse de leur talent dans un programme consacré aux sonates pour violon et piano.
La Sonate pour violon et piano n° 4 de Beethoven instaure un dialogue entre les deux instruments à qui elle offre un rôle équivalent. Le style et la personnalité de Beethoven, parvenu à la maturité, s’y affirme avec éclat.
La Sonatine n° 2 a été écrite alors que Schubert n’avait pas encore 20 ans. Destinée à être interprétées dans la convivialité d’une soirée de schubertiades ou en famille, elle contient déjà beaucoup des facettes du génie de Schubert qui s’épanouiront dans ses œuvres plus tardives.
La Sonate pour violon et piano de Claude Debussy a été écrite en 1917, pendant la guerre 14-18 par un homme usé par la maladie. . Le musicologue belge Harry Halbreich écrira à son sujet : « En réalité jamais l’art de Debussy n’a dépassé la suprême perfection de cette ultime Sonate, jamais son inspiration n’a été plus chaleureusement passionnée, plus riche de fantaisie, plus souple et plus diverse. Par l’harmonieuse fusion des deux instruments, Debussy égale les réussites miraculeuses de Mozart ou du Brahms de la Sonate en sol. »
Trio
Variations Goldberg pour trio à cordes
Jean-Sébastien Bach, Variations Goldberg pour trio à cordes, BWV 988 – Arrangement pour trio à cordes Dmitri Sitkovetsky
Pascal Crismer, violon
Vincent Hepp, alto
Hans Vandaele, violoncelle
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Les Variations Goldberg de Bach sont formées d’une aria avec 30 variations « à l’intention des amateurs, pour la récréation de leur esprit » comme le mentionne Bach lui-même sur sa partition. Elles relèvent d’une difficulté technique et compositionnelle qui n’est pas à la portée de toutes les mains. L’aria, très simple, est suivie de 30 variations de plus en plus complexes, qui rivalisent d’ingéniosité.
L’œuvre est ici présentée dans un arrangement pour trio à cordes écrit en 1985 par le compositeur et chef Dmitri Sitkovetsky inspiré de l’enregistrement de Glen Gould datant de 1981.
Balade épique
- Antonin Dvořák, Trio n°4 en mi mineur « Dumky » op.90 – 33′
- Dmitri Schostakovitch, Trio n°1 – 15′
Pascal Crismer, violon – Chef de pupitre des seconds violons
Hans Vandaele, violoncelle – Violoncelle solo de l’ORCW
Vahan Mardirossian, piano – Directeur musical de l’ORCW
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Le Trio n°4 « Dumky », en plus d’être l’une des œuvres les plus connues d’Antonin Dvořák, est un excellent exemple de musique de chambre qui se détourne de la forme sonate habituelle. « Dumky », le pluriel de « dumka », est un terme introduit dans les langues slaves depuis l’ukrainien. À l’origine, il s’agit d’une forme diminutive du terme douma, qui fait référence à la Balade épique et plus précisément aux complaintes des personnages captifs. Au XIXème siècle, les compositeurs des autres pays slaves ont commencé à utiliser le terme « douma » pour qualifier des pièces musicales sombres et introspectives parsemées de mouvements légers et heureux.
Dmitri Schostakovitch n’a que 16 ans quand il écrit son premier trio avec piano lors d’un séjour de convalescence en Crimée. Il est dédié à Tatiana Glivenko – une jeune fille dont Schostakovitch tomba amoureux et avec qui il garda des relations très tendres pendant des années. Le trio que n’a qu’un seul mouvement avait initialement le titre de « Poème ».
Quatuor
Impressionisme à la française
- Claude Debussy :
– Suite bergamasque
3. Clair de lune – Arr. Stephan Koncz – 4’33
– Deux arabesques L. 74 (L. 66) – Arr. Paul Cassidy – 9’15 - Erik Satie, Trois Gymnopédies – Arr. Matt Naughtin – 8’35
- New Satiefaction (Gymnopédie n°1 – Arr. Stephan Koncz) – 4’40
- Maurice Ravel, Quatuor à cordes en fa majeur– 32′
Jean-Frédéric Molard, violon
Red Gjeci, violon
Kela Canka, alto
Hans Vandaele, violoncelle
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Le Clair de lune de Debussy est l’une des pièces les plus célèbres et les plus évocatrices de la musique impressionniste. Dans une atmosphère de douceur et de mystère, Clair de lune évoque une nuit paisible, baignée dans une lumière argentée.
Les Deux Arabesques sont parmi les premières œuvres qui révèlent le talent unique de Debussy pour capturer la fluidité et la délicatesse de l’impressionnisme musical.
Les trois Gymnopédies d’Erik Satie sont parmi les œuvres les plus emblématiques de ce compositeur français, souvent décrit comme un précurseur de l’impressionisme musical. D’une beauté mélancolique, elles sont marquées par leur rythme lent, une mélodie douce et répétitive, ainsi qu’une harmonie empreinte de mystère, qui captivent encore les auditeurs plus d’un siècle après leur création.
New Satiefaction, arrangée par Stephan Koncz, est une réinterprétation moderne de la célèbre Gymnopédie n°1 d’Erik Satie. Dans cet arrangement, Koncz préserve l’essence mélancolique et méditative de l’œuvre originale tout en y ajoutant des nuances contemporaines et orchestrales.
Le Quatuor à cordes en fa majeur de Maurice Ravel, composé en 1903, est une œuvre emblématique du répertoire de musique de chambre française. Dédiée à son mentor Gabriel Fauré, cette pièce unique allie la précision de la forme classique à une palette harmonique innovante, typique de l’esthétique impressionniste.
Un siècle, deux esthétiques
- Philip Glass, Quatuor à cordes n°2 “Company” – 9′
- Henryk Gorecki, Quatuor à cordes n°2 “Quasi une fantasia » – 30′
- Philip Glass, Quatuor à cordes n°3 « Mishima » – 20′
Pascal Crismer, violon
Isabelle Scoubeau, violon
Vincent Hepp, alto
Hans Vandaele, violoncelle
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La création au XXème siècle a été enrichi par plusieurs courants d’esthétisme : l’impressionnisme, le post-romantisme, le modernisme, le dodécaphonisme, le minimalisme, la musique atonale, modale, sérielle, répétitive, etc…
Ce concert illustre deux courants bien distincts, le minimalisme avec Gorecki et la musique répétitive avec Glass.
La musique de Górecki couvre une large variété de styles, mais elle tend à être harmoniquement très simple. Ses premières œuvres se rapprochent du sérialisme de Pierre Boulez et d’autres mais, par la suite, il sera plus souvent rapproché de la musique minimaliste. Comme Arvo Pärt, à qui il est parfois comparé, sa musique reflète souvent sa foi catholique.
Philip Glass est considéré comme l’un des compositeurs les plus influents de la fin du XXème siècle. Il est, avec ses contemporains La Monte Young, Terry Rilley et Steve Reich, l’un des pionniers et l’un des représentants les plus éminents de l’école répétitive, et de la musique classique des Etats-Unis. Si ses premiers œuvres sont typiquement répétitives, elles montreront par la suite une évolution stylistique. Glass préfèrera utiliser pour les œuvres suivantes l’expression « musique avec structures répétitives », indiquant que l’aspect répétitif n’est plus prépondérant.
Quintette
Chefs-d’oeuvre incontournables en quintette
- Giovanni Bottesini, Quintette à cordes en do mineur – 27′
- Antonín Dvořák, Quintette à cordes n° 2 en sol majeur, B.49, op. 77 – 36′
Jean-Frédéric Molard, violon
Pascal Crismer, violon
Vincent Hepp, alto
Hans Vandaele, violoncelle
Philippe Cormann, contrebasse
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Le Quintette à cordes en do mineur de Bottesini et le Quintette à cordes n°2 de Dvořák, chacun dans leur propre langage musical, témoignent du génie créatif et de la sensibilité profonde de leurs compositeurs. Leur combinaison d’émotion, de virtuosité et d’innovation musicale en fait des chefs-d’œuvre incontournables, captivant l’auditeur par leur charme intemporel.
Ils sont interprétés par les chefs de pupitres de l’ORCW menés par le violon solo.
La harpe, un instrument céleste
- Darius Milhaud, Quatuor à cordes n°1 op.5 – 15′
- Marcel Tournier, Féérie pour harpe et quatuor à cordes – 10′
- André Caplet, Conte Fantastique pour harpe et quatuor à cordes – 10′
- Claude Debussy, Danses Sacrées et Profanes pour harpe et quatuor à cordes – 10′
Jean-Frédéric Molard, violon
Isabelle Scoubeau, violon
Vincent Hepp, alto
Edith Baugnies, violoncelle
Philippe Cormann, contrebasse
Juliette Gauthier, harpe
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De nos jours, les musiciens utilisent la harpe à pédales ou harpe classique. C’est la harpe la plus sophistiquée. Sa sonorité spécifique a inspirée beaucoup de compositeurs de la période impressionniste comme André Capelet ou Claude Debussy. Les œuvres de Marcel Tournier -harpiste et compositeur-, sont principalement destinées à son instrument.
Sextuor
Sextuor de printemps
- Johannes Brahms, Sextuor n°1 en Si bémol Majeur op.18 – 35′
- Julius Röntgen, Sextuor en sol majeur – 20′
Jean-Frédéric Molard, violon
Red Gjeci, violon
Vincent Hepp, alto
Kela Canka, alto
Hans Vandaele, violoncelle
Edith Baugnies, violoncelle
Le sextuor à cordes est constitué par deux violons, deux altos et deux violoncelles. C’est une harmonie parfaite avec un équilibre incomparable car toute l’étendue de registre (aigu, intermédiaire et grave) est bien dispatché entre les instruments.
Brahms a écrit deux sextuors à cordes qui ont eu un immense succès lors de leurs créations. Le Sextuor à cordes n°1 op. 18 en Si bémol majeur, écrit en 1859-1860, éblouit par sa fraîcheur d’inspiration, au point qu’on l’a appelé le »Frühlingssextett », le Sextuor du printemps.
Julius Röntgen a notamment composé le Sextuor en sol majeur qui révèle le talent, l’inspiration et la parfaite maîtrise d’un homme que l’histoire de la musique a injustement oublié.
Les Schubertiades de l’ORCW
- Franz Schubert, Quintette en La Majeur D667 « La truite » – 38′
- Franz Schubert, Quatuor à cordes n°10 en Mi bémol Majeur D87- 20′
Andreas Frölich, piano
Jean-Frédéric Molard, violon
Red Gjeci, violon
Kela Canka, alto
Hans Vandaele, violoncelle
Philippe Cormann, contrebasse
Le terme « Schubertiade » apparaît dans les années 1820. Les Schubertiades étaient organisées par les amis et mécènes du compositeur. Souvent Schubert était présent et y jouait.
Schubert compose le quintette « la Truite » à l’âge de 22 ans. L’effectif instrumental est original : il comporte un piano, un violon, un alto, un violoncelle et une contrebasse (et non pas un quatuor à cordes comprenant nécessairement deux violons, accompagné d’un piano). La pièce est connue sous la dénomination « La Truite » car son quatrième mouvement est une série de variations sur le thème d’un lied de Schubert, Die Forelle (la truite).
Le Quatuor à cordes n°10 est une œuvre antérieure écrite alors qu’il avait à peine 16 ans. Il n’en était cependant pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà composé une quantité impressionnante d’œuvres, dont 9 quatuors à cordes.
Entre romantisme et modernité
- Piotr Tchaïkowsky, Souvenir de Florence, sextuor pour deux violons, deux altos et deux violoncelles op. 70 – 36′
- Ture Rangström, Un notturno nella maniera di E.Th. A. Hoffmann – 13′
- Erwin Schulhoff, Cinq Pièces pour quatuor à cordes – 16′
Jean-Frédéric Molard, violon
Red Gjeci, violon
Vincent Hepp, alto
Kela Canka, alto
Hans Vandaele, violoncelle
Edith Baugnies, violoncelle
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Piotr Ilitch Tchaïkovski est l’un des compositeurs les plus emblématiques de la musique romantique russe. Son Souvenir de Florence, Op. 70, composé en 1890, est un sextuor à cordes d’une grande expressivité, évoquant les paysages et l’atmosphère de la ville italienne. L’œuvre combine des éléments de passion lyrique et des motifs de danse inspirés de la musique folklorique.
Ture Rangström, compositeur suédois, a écrit Un notturno nella maniera di E.Th. A. Hoffmann en 1925, une œuvre influencée par le romantisme allemand et l’atmosphère littéraire de l’écrivain E.T.A. Hoffmann. Cette pièce, riche en couleurs sonores et en lyrisme, illustre la fascination de Rangström pour les mystères de la nuit, tout en conservant une touche d’expression personnelle et poétique.
Erwin Schulhoff, compositeur tchèque d’origine allemande, est un auteur innovant dont les œuvres ont été influencées par le modernisme et le jazz. Ses Cinq Pièces pour quatuor à cordes, écrites en 1923, sont des compositions brillantes et vivantes, alliant rythme et invention. Ces pièces mêlent des influences de la musique populaire et du post-romantisme, tout en mettant en valeur la virtuosité des interprètes.
Ces trois œuvres reflètent la diversité stylistique et émotionnelle de leurs créateurs, allant de la richesse lyrique et dramatique de Tchaïkovski, à l’atmosphère envoûtante de Rangström, en passant par l’innovation moderne et rythmée de Schulhoff.
Septuor
Contrastes en septuor
- Richard Strauss, Métamorphoses pour septuor à cordes – 28′
- Darius Milhaud, Septuor à cordes, op. 408 – 18′
Jean-Frédéric Molard, violon
Pascal Schmidt, violon
Vincent Hepp, alto
Kela Canka, alto
Hans Vandaele, violoncelle
Edith Baugnies, violoncelle
Philippe Cormann, contrebasse
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Richard Strauss et Darius Milhaud offrent deux visions fascinantes du septuor à cordes. Les Métamorphoses de Strauss, écrites en 1945, sont une œuvre poignante et introspective, une élégie pour l’Allemagne dévastée. Construite sur un thème en perpétuelle transformation, cette pièce exprime une profonde mélancolie, sublimée par des textures orchestrales d’une richesse inouïe. À l’opposé, le Septuor à cordes, op. 408 de Milhaud, composé en 1964, illustre l’inventivité et la joie de vivre typiques du compositeur français. Ses rythmes syncopés, ses harmonies colorées et son énergie presque dansante témoignent de l’influence du jazz et des musiques populaires. Ces deux œuvres démontrent la flexibilité expressive du septuor, entre gravité et légèreté.
Octuor
Deux octuors, deux univers
- Félix Mendelssohn : Octuor en mi bémol majeur, op. 20 – 32′
Jean-Frédéric Molard, violon – Pascal Crismer, violon – Isabelle Scoubeau, violon – Emilie Tison, violon – Vincent Hepp, alto – Kela Canka, alto – Hans Vandaele, violoncelle – Edith Baugnies, violoncelle - Max Bruch : Octuor en si bémol majeur, op. posthume – 25′
Jean-Frédéric Molard, violon – Isabelle Bonesire, violon – Pascal Crismer, violon – Isabelle Scoubeau, violon – Emilie Tison, violon – Vincent Hepp, alto – Kela Canka, alto – Hans Vandaele, violoncelle – Philippe Cormann, contrebasse
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L’Octuor en mi bémol majeur, op. 20 de Mendelssohn, composé alors qu’il avait seulement 16 ans, est un chef-d’œuvre de virtuosité et de fraîcheur. Véritable joyau du répertoire de musique de chambre, il se distingue par son énergie débordante, ses harmonies lumineuses et sa maîtrise des textures instrumentales, notamment dans le célèbre scherzo aérien, inspiré des Contes de Shakespeare.
En contraste, l’Octuor en si bémol majeur, op. posthume de Max Bruch, moins connu, révèle une approche plus lyrique et introspective. Écrit tardivement, il met l’accent sur la richesse mélodique et les interactions intimes entre les instruments, témoignant de la profondeur romantique de Bruch.
Ces deux œuvres illustrent, chacune à sa manière, la richesse et la diversité du genre octuor, mêlant virtuosité et expressivité.